Témoignage

Le SMR Pédiatrique Val Pré Vert est une clinique située dans les Bouches du Rhône et spécialisée dans la prise en charge de l'obésité enfantine.

Vos témoignagnes

Voici un des témoignages que nous recevons et mettant en avant la qualité du travail de nos équipes.

Bonjour à tous et toutes les futurs Val Prè Vert.

Ceci est le journal de bord de ma cure, des idées jetées en vrac au fur et mesure de mon séjour à VPV.

Je m’appelle B, c’est juste mon initiale pour protéger mon identité, je suis une fille, j’ai 15 ans. Il y a quelques mois j’ai demandé à mes parents de me trouver un centre pour perdre du poids. Il faut que je vous dise que je n’en pouvais plus.

Ça fait longtemps que je suis comme ça, je pèse 96 kg pour lm70. Petite j’étais déjà bien ronde, mais c’est seulement quand je suis rentrée en 6ème que je me suis rendue compte de ma différence. Il faut dire que mes camardes m’y ont bien aidée, les moqueries, les chuchotements derrière mon dos, les regards de travers. Du coup, petit à petit, je me suis sentie mal dans ma peau, j’ai commencé à mettre des vêtements amples, voire des vêtements de mec. Mon comportement aussi, avec les autres et avec ma famille, avait changé.

A l’école soit je me mettais à l’écart, je me faisais toute petite, mais c’était vraiment très difficile vu ma corpulence. Mais des fois je pétais un câble, j’en avais marre de rien dire de tout encaisser, alors pour me défouler j’insultais, je criais. Une fois même je me suis montrée insolente avec un prof.

C’est fou, parce qu’avant je n’étais pas si mauvaise que çà à l’école. Bon, c’est vrai que ce n’était pas toujours terrible, mais au moins j’étais sérieuse, enfin je ne faisais pas de bruit. Puis progressivement, comme je n’écoutais pas et que je ne travaillais pas, j’ai pris du retard et mes résultats ont chuté. J’ai vite regretté, parce que d’un coup je me suis sentie complètement larguée et je ne comprenais plus rien. Si cela avait été du chinois, cela aurait été pareil. Alors comme je m’ennuyais en cours, je ne pensais qu’à mes soucis, je ne pensais plus qu’à ça.

Le soir quand je rentrais à la maison, c’était pas mieux. J’avais tellement passé une mauvaise journée que pour oublier je me jetais sur la bouffe. Je mangeais tout ce que je trouvais, sucré, salé, peu importe du moment que ça fasse passer le goût de cette sale journée. Après, bien sûr je me calais devant la TV, les jeux vidéo, ou je me cloîtrais dans ma chambre. Tout pour oublier, quoi.

Quand mes parents rentraient, c’était tout le temps des conflits : «t’as pas fait tes devoirs, t’as pas rangé ta chambre, t’as pas mis la table, tu manges trop, tu sors pas ». Ouaouhhhhh

Je le savais tout ca. Plus j’allais mal, plus je mangeais, plus je grossissais, le cercle infernal quoi, mais impossible de faire autrement. Plus le temps passais, plus je m’enfonçais. Alors, est venu le temps du grand chagrin. Je ne voulais même plus aller à l’école, je me faisais porter pâle, souvent et de plus en plus. Quand mes parents me disaient quelque chose pour me conseiller, m’aider, j’hurlais, je claquais les portes, j’ai même foutu un coup de poing dans le mur une fois. Mes parents ont fini par prendre rendez vous avec des spécialistes : psychologue, diététicien, médecin. J’y suis allée une fois, deux, mais tout ça me gavait. J’y arrivais pas, je perdais 2 kilos, j’en reprenais cinq.

Puis un jour j’ai vu un reportage à la TV , ça parlait des enfants comme moi, et c’est là que je me suis décidée. Je voulais aller dans un centre pour perdre du poids. Avec mes parents on a fait le dossier et ils m’ont acceptée. Le jour des entretiens, c’est vrai que j’étais crevée parce qu’on avait fait une longue route, mais qu’est ce que je me sentais mal. J’ai bien compris que tout allait changer, et çà m’a foutu une trouille d’enfer. Quand mes parents m’ont laissée, j’ai pleuré, j’ai beaucoup pleuré. Les éduc. et les enfants qui étaient déjà là m’ont pris sous leurs ailes et ça a passé.

Pendant au moins deux semaines, quand j’avais mes parents au téléphone le soir, je pleurais, je voulais qu’ils viennent me chercher. Une fois même je leur ai fait du chantage, je leur ai dit que j’allais m’enfuir et je leur disais des trucs pas très sympas, du style «vous m’abandonnez».

J’sais pas, c’était plus fort que moi, et pourtant c’était ma décision de venir dans ce centre. Mais j’avais vraiment l’impression que je n’allais plus les revoir, en tous cas pas comme avant. Mes parents venaient me voir à chaque week-end de sortie et à chaque fois au moment de les quitter je leur faisais une corrida pas possible. Je voulais rentrer avec eux. Finalement c’était bien la maison et pourtant on se disputait tout le temps. Les pauvres, ils disaient rien, mais qu’est-ce qu’ils étaient malheureux. Je le voyais bien dans leurs yeux et moi au lieu de me calmer j’en rajoutais. Je voulais gagner, comme toujours. Mais gagner quoi, des kilos en plus.

Ça c’était juste quand je les avais au téléphone ou que je les voyais. C’est ce qui s’était passé jusque là. Mes parents avaient fini par ne plus rien me dire, même quand je faisais des crises, que je leur criais dessus. Je ne les respectais plus, en fait. Mais, ils me voyaient tellement malheureuse, alors ils ne disaient plus rien. Et moins ils disaient, plus je faisais n’importe quoi, plus je mangeais n’importe quoi.

En vrai, tout allait bien, ici pour moi, je perdais du poids, j’avais plein de potes comme moi en plus, avec les mêmes difficultés. Alors qu’avant j’étais toute seule, je voulais plus sortir, j’avais l’impression que les gens me regardaient tout le temps bizarrement.

Ici, c’est différent, quand on va au collège on y va tous ensemble et même si on n’ est pas dans la même classe, on se retrouve à la récré. En fait je me sens moins seule, l’union fait la force dit-on, mais c’est moi qui suis en train de changer, de grandir quoi. Le regard des autres me pèse moins, j’ose même me mettre en maillot à la piscine.

En fait ce qui change vraiment, c’est que grâce à ce centre je peux mener une vie normale, comme les autres ados de mon âge. Je fais du sport, des activités de loisirs, des balades, je suis même en train d’ apprendre à jouer de la guitare. Le samedis soir, parfois on fait des boums, on va au cinéma ou au bowling. Je m’éclate quoi, au lieu de rester chez moi devant la TV, en mangeant mes chips mes gâteaux ou mon chocolat.

Ici c’est pas pareil, on ne peut pas faire n’importe quoi, et c’est ça qui est bien finalement. On peut plus en faire qu’à notre tête, et c’est vachement sécurisant. On mange équilibré, et on a jamais faim, sauf quand c’est l’heure du repas bien sûr. On apprend à vivre ensemble et à se respecter et il était temps. Même les adultes, on finit par les respecter, parce qu’ils sont caches, ils nous expliquent les choses. Bien sûr, parfois ils nous sanctionnent, mais c’est parce qu’on est allé trop loin. Par contre quand on progresse, ils nous félicitent. D’ailleurs, c’est pas toujours facile à accepter les compliments, mais bon on apprend. Et puis on apprend à se connaître, à découvrir que l′ on a des compétences, même à 1′ école. Mais surtout on apprend à savoir qui l’on est, à découvrir notre personnalité, à comprendre pourquoi on agit comme on le fait, et à changer.

Je viens de passer une année scolaire ici. Il était nécessaire ce temps pour tout comprendre. Pour comprendre que c’est moi qui me mettais en difficulté et pas les autres. Maintenant, je suis triste, parce que je vais devoir partir. Triste de quitter mes copains, mais on va rester en contact.

J’ai un peu peur aussi, peur de reprendre du poids. C’est vrai que c’est pas facile toutes ces tentations, toutes ces bonnes odeurs que je vais sentir dans la rue, tous ces bonbons que les autres vont manger devant moi.

J’ai de la chance, à la maison, tout le monde mange comme moi désormais, mes parents, mon frère et ma sœur aussi. Tout le monde a compris que manger équilibré, c’était bon pour la santé. Mes parents ont changé aussi, ils ne me laissent plus faire tout ce que je veux. Ils ont compris que pour bien grandir, un enfant avait besoin d’un cadre, et moi je me sens plus en sécurité, à ma place d’enfant, enfin d’ado.

Aujourd’hui, je suis en bonne santé, je ne suis plus malade et j’ai tellement grandi. C’est peut être ça, la liberté. Et oui l’obésité, c’est une maladie qui se niche, dans la tête, dans le corps. C’est à vous de découvrir comment fonctionne la votre maintenant.

Je suis fière de mon parcours et surtout d’avoir pu me débarrasser de tout ce qui avait pu m’encombrer jusque là.

Bonne chance à tous et à toutes. La prochaine fois, c’est peut être moi qui vous lirai.

Une patiente